A PROPOS DE LA RETRANSMISSION DES JEUX OLYMPIQUES PAR LA TELEVISION CHINOISE

Publié le par Franck Serfati

 

Entretien accordé
au journal REGARD SUR LA CHINE


 

 

KANZHONGGUO: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Franck SERFATI -  Je suis avocat au Barreau du Val–de–Marne  et investi  depuis plus de 20 ans dans le cadre  de la lutte  anti–raciste; j’ai l’honneur et le plaisir de présider une association poursuivant cet objectif.  Je suis également attaché bien évidemment au Droit de l’Homme en tant que citoyen d’un Etat libre, en tant qu’avocat et en tant que militant.

Dans une Démocratie comme la nôtre, et d’une manière générale dans tous les pays européens, la notion de Droits de l’Homme n’est pas perçue  à sa juste valeur. Elle est pour nous une évidence alors que dans nombre de pays, les Droits de l’Homme sont  bafoués et les citoyens ne vivent pas en toute liberté. Nous devons être conscients de la chance que nous avons,  car la Liberté  ne représente pas une évidence ; c’est pour nous un avantage fondamental dans le cadre des Institutions de la République et de notre vie quotidienne.

 


KHANZHONGGUO:  Que pensez–vous de l’affaire de la coupure de la chaîne télévision N.T.D.T.V par l’EUTELSAT  en Chine ?

 Franck SERFATI - Avant de répondre à votre question, il convient de replacer ce fait dans un contexte général. Les Jeux Olympiques, « J.O.  2008 » qui se tiendront à Pékin  ont effectivement fait réagir les partisans des  Droits de l’Homme, des associations, certains représentants politiques et des organisations internationales. 

La Chine, depuis un certain nombre d’années, se présente comme un pays attaché aux libertés et connait  un  taux de croissance économique particulièrement élevé.
Elle est  parfaitement entrée dans l’économie de marché  et dans le système  des pays occidentaux. Néanmoins il faut rappeler, et vous avez tout à fait raison, qu’au plan politique on est loin d’un régime démocratique.
La Chine aujourd’hui, sous  couvert d’une représentation internationale et  au motif de paramètres économiques, se présente comme un pays «libre», alors qu’effectivement le système est très loin du respect des libertés individuelles. Souvent, les citoyens sont malmenés et maltraités.
La situation monolithique  en matière de média est l’expression même de la volonté du Gouvernement chinois de maîtriser le système et la diffusion de l’information.
Dans un pays autoritaire, le régime en place entend  contrôler la Presse  par tous  moyens. Cette rupture de la chaîne de télé N.T.D.T.V , indépendante et libre, marque cette volonté du régime;  nous  regrettons cette situation car le Gouvernement chinois avait peut–être  ici l’occasion de faire montre d’une certaine ouverture démocratique.

 

KANZHONGGUO: A votre avis, quelle est la conséquence de cette coupure ?

Franck SERFATI - Les Jeux Olympiques vont être diffusés dans tous les pays du Monde  de façon  abondante.  L’information sera véhiculée par des organes de Presse liés au régime, sans pluralité d’expression.

L’information sera canalisée, orientée, dirigée, contrôlée. Malheureusement, cette chaîne qui est encore une fois indépendante ne pourra pas s’exprimer, apporter un point de vue  différent.

 

KANZHONGGUO: Sachant que l’EUTELSAT est une entreprise française,  a-t-elle  le devoir de défendre les  valeurs  républicaines ?

Franck SERFATI - Une entreprise n’a de valeurs que celles que ses dirigeants veulent bien impulsées.  Une société française n’a aucun devoir de défendre des valeurs républicaines. 

Nous sommes en Orient, dans un continent différent. Les valeurs ne sont pas les mêmes. Bien évidemment, il faut respecter la civilisation  de la Chine, vieille de 5 000 ans,  mais le problème fondamental  est ailleurs. La vraie question aujourd’hui est le respect des libertés, des valeurs démocratiques universelles, la liberté individuelle, la liberté d’expression, la liberté de circulation.
Cette entreprise française n’a pas  à importer ou à exporter des concepts occidentaux. Cependant, elle aurait du  exprimer positivement ou négativement une opinion, avoir une vision particulière sur l’information politique, économique ou sportive, dans le cadre des Jeux Olympiques qui se dérouleront à Pékin.

 

KANZHONGGUO: Que peut-on peut faire en France pour aider la démocratie et la liberté en Chine ?

Franck SERFATI -  Il faut expliquer à travers le Monde, en Occident, en Europe et en France que la Chine est un beau pays, que la Chine connaît un essor économique extrêmement important, qu’elle est devenue une grande puissance internationale.

 Mais il convient aussi que les dirigeants respectent les citoyens de base. Il existe des millions de personnes aujourd’hui qui vivent royalement bien, qui comptent parmi les grandes fortunes du Monde. Cependant, il ne faut pas oublier le « petit peuple », des centaines de millions de personnes qui n’ont aucun droit d’expression, de circulation, qui sont emprisonnées dès lors qu’ils expriment une opinion  contraires à l’idéologie du régime.

Nous pouvons dénoncer cette situation pour permettre à la Chine d’avancer et d’avoir un plus grand respect par rapport aux Droits de l’Homme.
Pour répondre à votre question plus précisément, je crois que chacun a le devoir d’expliquer la situation, de tenter d’influencer les Gouvernements occidentaux pour avoir une approche plus commune avec le régime chinois.
Votre journal Regard sur la Chine ,  est indépendant, respectueux des droits de l’Homme et son combat participe de cet effort là.

Regard sur la Chine  est un journal compétent et libre, qui essaie de développer des échanges fructueux dans ce sens entre la Chine et l’Europe. Votre journal montre l’exemple. Il faudrait expliquer la situation, essayer par des actions médiatiques, politiques,personnelles, de développer des échanges et faire en sorte que le régime chinois s’oriente davantage vers le respect des libertés. Je crois qu’il y a aussi une possibilité de rencontre entre des citoyens chinois et européens afin d’apporter un mieux–vivre, notamment en direction des paysans, petits ouvriers,envers ceux qui n’ont pas  de revenus suffisants. 
Ces gens sont des centaines de millions en Chine; il faut essayer de les aider par des actions collectives,  individuelles, associatives ou autres.

 

 

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